Au Président, aux Membres du Comité des Urbanistes.
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Je dirai défendons la vraie jeunesse et ses grands besoins de
liberté et foin, refoin et saint foin des dosages métriques et
symétriques, condamnons l’asservissement et ses suites douloureuses
et guerre aux courbe-échines des milieux où l’on s’embête où l’on
s’empiffre où l’on avaletourne-des Rossini, canards à trois becs,
chaud-froid Paganini ; menus mal digérés aux sons redoublés des fifres
enrhumés, pistons cracheurs, caisses crevées, cymbales faussées, timbales
macaronisées, bassons grognants, saxophones aphones, cors gendarmés
hurlant maintes détresses.
En avant jeunesse libérée, humectez vos cristallins, dilatez
vos trompettes d’eustache. Ratissez les champs nouveaux, ceux des
herbes folles, chantez fleurette aux quatre saisons. A vous filles
libres d’Ostende, adorons vos beaux bras, votre peau satinée, potelée,
vos gros dos lavés par la mer, dorés par la brise, à vous guerrières
intrépides, à vos toisons ébouriffées, à vous toujours à vous, je
vous aime et vous admire, Soyez vous, vous, vous, à nous toujours à
nous vos soupirants. Soyez les nounous de nos gosses récalcitrant.
Ostende, Juillet 1940
Baron JAMES ENSOR
,Au président, aux Membres du Comité des Urbanistes.
Chers Collègues,
Ci mes gros mots jetés aux 4 vents et quelques
expressions reflétant mes pensées. Arrosons les cœurs secs de nos
mistigrisés flottant entre deux ages. Egratignons sans merci les pince
sans rire aigrelets et nous aurons mérité indulgence plénière.
Selon ma devise, je dirai aux Maîtres mange-tout : vilains criticu-
lets rengainez à jamais vos antennes de criquet.
Aux coqs cigrus vouées a l’urbanisme d’antan je redirai : Vous,
Vous, Vous, Vous encore soumis aux lignes rectilignes de jadis
mon ton malsonnant vous déplaira peut être parce que les ascension plus
aux moins justifiées au temps des vitesses déréglées ne sont plus de
mise sous les yeux multiformes de nos masses en passe d’ambitions
farcies d’agitations.
Oui, je condamne l’affreuse briquette jaune, le bois surpoli des
chambrette étriquées les platras pustuleux, les marbrures trop veinées,
les états et étals des matières premières. Oui, les créations stériles
des devanciers en mal de production agacent les floraisons déforment les
visions, injurient les harmonies accumulant l’absurde, je dirai à
bas les gargouilles décoratives, figures de grognace, grosso modo
à facettes mercerisées de poulardes dégonflées, livrées aux pamoisons,
mauviettes rougies à blanc ou lardées de guimauve, bécasses ahuries,
viragos ossifiées suintant par toutes les fentes,
crevasses et coutures : froideur uniformité, ennui et médiocrité.
BARON JAMES ENSOR
À propos de ce document d’archive
Identification
- Type d'objetmanuscrite
- TitreAu Président, aux Membres du Comité des Urbanistes.
- Dateenv. date 1940
- RelationsAuteur: Ensor, James
- Sujetstadsontwikkeling
Caractéristiques
- Genreredevoeringen
- Supportpapier
- Matériel d'écriturepennen
- Numéro de l’image numériqueA3798
- Droits d'auteurPublic domain
Annotations
- Contenu de l'annotationTexte typé sur papier à lettres de la police navale "Beheer van het zeewezen" avec des annotations au crayon.
Lieu
- Lieu de stockageKMSKA archiefdepot
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Données supplémentaires
- Objets liés
- Manifeste IIIFhttps://iiif.kmska.be/iiif/3/37390/manifest.json
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