Jules Schmalzigaug

Jules Schmalzigaug (1882-1917), artiste anversois, puise en Italie l’inspiration lumineuse et colorée qui définit son esthétique futuriste. Ses compositions révolutionnaires le hissent au sommet de l’avant-garde, mais la Première Guerre mondiale le contraint à s’exiler à La Haye. Malgré une vie écourtée, son exploration novatrice de la couleur et du mouvement marque durablement l’art moderne belge.

Schmalzigaug au KMSKA

La collection Schmalzigaug du KMSKA s’est enrichie au fil du temps grâce aux acquisitions, aux dons et aux legs de collectionneurs passionnés et de membres de la famille. Dès 1928, son frère Walter Malgaud fait don d’une première sélection d’œuvres au musée afin de préserver et perpétuer l’héritage artistique de Jules. Par la suite, des mécènes tels que Maurice Verbaet, Ronny et Jessy Van de Velde ou encore Jean Malgaud ont contribué à l’enrichissement de cet ensemble. Ainsi, la collection ne se limite pas aux peintures : elle comprend également des dessins, des carnets de croquis, des œuvres graphiques et des archives personnelles. Grâce à ces précieuses contributions, le KMSKA est devenu un centre de recherche sur Schmalzigaug et son rôle dans l'avant-garde européenne, offrant aux amateurs et chercheurs un lieu privilégié pour approfondir leur connaissance de l’artiste.

Dans cette présentation, aux côtés des peintures à l’huile de Schmalzigaug, nous dévoilons une sélection d’œuvres illustrant son évolution : d’un dessinateur talentueux mais encore ancré dans la tradition, il devient un artiste abstrait dont le regard transforme le monde en un kaléidoscope de formes et de couleurs.

De complete schilderijen­collectie

Het KMSKA bezit de grootste Jules Schmazigaug-collectie ter wereld. Ontdek al zijn schilderijen in onze collectie hier.
Jules Schmalzigaug, 1915 - 1917, huile sur toile, numéro d'inventaire 2100
Jules Schmalzigaug, 1914, huile sur toile, numéro d'inventaire 2099
Jules Schmalzigaug, 1914, huile sur toile, numéro d'inventaire 2100bis
Jules Schmalzigaug, 1914, huile sur carton, numéro d'inventaire 4081
Jules Schmalzigaug, 1913, huile sur toile, numéro d'inventaire 2101
Jules Schmalzigaug, 1913, huile sur toile, numéro d'inventaire 2101bis

Un pionnier avec panache

Jules Schmalzigaug (1882-1917) grandit à une époque de bouleversements radicaux, où technologie et vitesse redéfinissent le quotidien. Son parcours artistique le mène d’Anvers à l’Allemagne, la France et surtout l’Italie, où il découvre la lumière et les couleurs caractéristiques de son œuvre. D’abord en quête de tradition, il trouve finalement sa propre voie dans le futurisme. Ses compositions vibrantes s’inscrivent dans l’avant-garde, mais la Première Guerre mondiale le force à s’exiler à La Haye. Sa mort tragique en 1917 interrompt brutalement une carrière prometteuse, mais sa vision audacieuse de la couleur et du mouvement continue d’influencer l’art moderne belge.

Un départ hésitant

Schmalzigaug vit dans un monde en transition qui le fascine profondément. L’électricité, les transports rapides et les innovations technologiques transforment radicalement la vie quotidienne. Sa ville natale, Anvers, suit de près ces évolutions. Adolescent, il séjourne à Dessau pour soigner sa scoliose, où l’artiste Paul Riess décèle son talent pour le dessin. Issu d’une famille aisée, il bénéficie d’une formation artistique approfondie en Belgique, en Allemagne et en France. En 1905, il achève son éducation formelle. Pourtant, ses œuvres restent sombres et ancrées dans la tradition, sans laisser transparaître le monde vibrant qui l’entoure. Il doute de sa place dans l’art et nourrit un profond respect pour la tradition artistique, qu’il retrouve également au KMSKA.

Réveil en Italie

Un voyage en Italie en 1905 agit comme un déclic. La lumière et l’atmosphère de Venise l’enchantent particulièrement. Aux Pays-Bas et en France, il découvre des styles nouveaux qui l’attirent bien plus que l’académisme conservateur belge. Seul James Ensor retient son intérêt. Il écrit que, grâce à la lumière d’Ostende, Ensor perçoit des « accords coloristiques improbables » dans les objets les plus ordinaires : des couleurs qui s’entrechoquent, des bleus juxtaposés à des rouges, des jaunes et des verts, formant des champs de couleurs pures.

Le tournant futuriste

Si Schmalzigaug trouve Paris trop impersonnel, c’est pourtant là qu’il découvre sa véritable voie artistique en 1912, après avoir vu une exposition des futuristes italiens. Inspiré par Giacomo Balla et Umberto Boccioni, il adhère à ce mouvement qui sublime la vitesse et l’énergie en un art radical. Aux côtés de Jakob Smits, il explore le rôle fondamental de la lumière et des aplats de couleur dans la composition d’un tableau. De retour dans son atelier vénitien, il le décore avec des toiles comme celles de Smits, de manière à ce que la lumière et les ombres interagissent librement. Désormais, la couleur n’est plus un simple élément descriptif, mais l’essence même de son œuvre. Son travail capte l’énergie des danseurs, le mouvement des foules et l’atmosphère hypnotique de la modernité.

Succès international

En 1914, Schmalzigaug atteint l’apogée de sa reconnaissance en participant à l'Esposizione Libera Futurista Internazionale à Rome. Dans son atelier, il travaille avec une intensité fébrile sur des œuvres qui s’inscrivent non seulement dans le courant futuriste, mais qui traduisent aussi ses propres théories sur la couleur. Il y expose six tableaux qu’il juge suffisamment avant-gardistes, parmi lesquels Développement d’un thème en rouge : Carnaval, considérée comme la première peinture entièrement abstraite réalisée par un artiste belge.

Dialogue avec le passé

Grâce à sa passion pour la couleur, Schmalzigaug établit un lien entre les traditions des maîtres anciens et les expériences avant-gardistes de son époque. Il écrit à Boccioni, devenu son ami : « Je ne connais pas de tableau impressionniste avec un rouge aussi chantant que dans le manteau du roi Melchior sur L'Adoration des Rois de Rubens. » Il ne voit pas en Rubens un passé figé, mais un prédécesseur animé d'une énergie créatrice. Les lignes tourbillonnantes et le sens du théâtre propres au maître flamand deviennent une source d’inspiration pour ses propres compositions abstraites.

Guerre et isolement

Malgré son ascension au sein de l’avant-garde, Schmalzigaug demeure vulnérable. La Première Guerre mondiale l’oblige à s’exiler à La Haye, interrompant brutalement sa carrière. Coupé de ses collègues futuristes, il doit abandonner ses œuvres à Venise. À La Haye, il tente de se rapprocher d’autres artistes belges en exil, comme Rik Wouters et Georges Vantongerloo, qu’il influence lui-même. Malgré les épreuves, il reste prolifique, poursuivant ses expérimentations sur la couleur et la lumière à travers des œuvres figuratives et abstraites : paysages urbains, portraits et compositions futuristes. Son traité inédit La Panchromie (1916) associe principes scientifiques et méthode d’application, inspirée des théories d’Ogden Rood. Il cherche ainsi à établir un système chromatique universel, harmonisant lumière et composition.

Une dernière quête

En tant que directeur artistique de la Belgische School voor Huishoudelijke Kunst, Schmalzigaug trouve un exutoire. Il enseigne l’histoire de l’art et le dessin, mettant l’accent sur l’importance de l’innovation. Ses esquisses au pastel de La Haye et de Scheveningen, semblables à des cartes postales, capturent ponts, rues et plages avec un style plus discret, où la couleur demeure néanmoins centrale.

En 1916, son travail est exposé à l’exposition d’art belge du Stedelijk Museum d’Amsterdam, mais l’accueil est mitigé. Accablé par ses douleurs physiques et son isolement, il souffre aussi de la nostalgie de l’Italie et de la perte de compagnons d’avant-garde comme Boccioni.

Une fin abrupte

Le suicide de Schmalzigaug en 1917 met un terme brutal à sa quête. Pionnier du futurisme, il demeure une voix singulière dans l’art moderne belge. Son œuvre, empreinte de dynamisme et d’expérimentation chromatique, continue d’inspirer et de témoigner d’une modernité saisissante. Malgré une carrière brève, son apport à l’histoire de l’art belge reste inestimable.

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