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manuscrite

Chers amis de France, Privé, par ordre de la Faculté, du plaisir d'assister à l'ouverture de l'exposition de mes oeuvres.

Manuscrit faisant suite à l'exposition Ensor de juin-juillet 1939 à Paris organisée par la 'Gazette des Beaux-Arts' et les 'Beaux-Arts'.

La Meuse, 14 juillet 1939, à l’occasion de mon exposition

à Paris en 1939

 

Chers amis de France,

 

Privé, par ordre de la Faculté, du plaisir d’assister à l’ouverture

de l’exposition de mes œuvres, je vous présente mes excuses les

plus sincères et vous prie de donner lecture de mon hommage

admiratif à l’adresse du grand Paris. Encore je vous remercie,

votre dévoué James Ensor.

Amis généreux de Paris et de France.

A vous mon salut, mes remerciments et excuses.

J’ai trop gardé et regardé au bon reposoir de l’atelier certaines

œuvres préférées ou celles marquant une date grâce à vous,

grâce à Léo van Puyvelde, notre conservateur du beau, mon

Entrée du Christ à Bruxelles en 1889, peinture à peu près

vierge d’exposition, est soumise aujourd’hui au verdict sou-

verain de Paris la bien aimée.

Je me souviens su bel accueil de vos autorités du jeu de

Paume en 1932. Certes, mm. de Monzie, Herriot et les grands

hommes de vos États, encore nos bons rois, princes réformateurs

et leurs reines de choix, jaunes ambassadeurs ou académiciens

verts, collectionneurs noires, ceux de toutes les églises, temples,

synagogues ou cathédrales pyramidales et les croyants bon teint

levèrent les index bourgeois et les voyants lointains des mondes

où l’on espère et leurs etceteras, etc., louèrent mes faits et gestes

picturaux musicaux.

Plus tard, des enquêteurs vieux jeu quête de jeunesse ou d’

asticots, et guidés par flairs canins, fleurirent mes grands chemins,

rabotèrent mes sentiers, taillèrent mes pavés, balayèrent mes carrefours,

mais vous, charmantes dames, vous n’aimez guère les arts

moroses, je vous admire de tous mes yeux. Parfums doux, sucs

embaumés, pleurs perlés de mes mies, couleurs et fleurs vermeilles,

ornement de mes pensées.

Chez moi, la mer est belle, l’eau bleue se grise sous les coups de

la lune et la baigneuse musquée se gondole à ravir.

Je brûle une chandelle par les deux bouts pour saluer Melle Assia

Rubinstein, la secrétaire dévouée de la gazette des Beaux-Arts;

toujours sur les dents, elle nous charme vraiment.

A monsieur Wildenstein, le directeur bienfaisant, un cierge multicolore

est de saison.

Un remerciment spontané aux collectionneurs obligeants, a ceux

de France, d’Anvers, de Bruxelles, de Liège et autres milieux où

sonnent et parlent les beffrois.

Ici des rois de cœur et confiants exposent largement sans crier gare

leurs œuvres les plus cotées.

Je salue Paris et ses atours, Paris cercle vital de grand art composé.

Vive toi Paris, pomme d’Êve, poire d’Adam, serpent vert tentant.

A toi mes fantaisies, à toi mes compliments.

A toi, à toi je redirai : Paris première merveille et première du monde,

de tous les mondes.

Paris, fleur d’éternité.

 

James Ensor.

À propos de ce document d’archive

Identification

  • Type d'objetmanuscrite
  • TitreChers amis de France, Privé, par ordre de la Faculté, du plaisir d'assister à l'ouverture de l'exposition de mes oeuvres.
  • Dateenv. date 14/07/1939
  • RelationsAuteur: Ensor, James
    Musée du Jeu de Paume [Parijs (F)], Monzie, de, Anatole, Herriot, Edouard, Puyvelde, van, Leo
  • Sujettentoonstellingen

Caractéristiques

  • Genrecontemplative prose
  • Supportpapier
  • Matériel d'écriturecrayons [pencils]
  • Numéro de l’image numériqueA5001
  • Droits d'auteurCopyright undetermined

Annotations

  • Contenu de l'annotationÉcrit sur du papier à lettres de l'Hôtel Providence-Régina à Ostende, avec l'année pré-imprimer '194..' | - Note au-dessus du texte : "La Meuse 14 juillet 1939. à l'occasion de mon exposition / à Paris en 1939" - Mention des noms suivants : Assia Rubinstein et (Georges ou Daniel ?) Wildenstein

Lieu

Données supplémentaires

Rubens

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