Notre académie et ses phases.

Notre académie et ses phases.

 

Academie :

 

gros mots plein de conséquences selon les uns, farci d’inconséquences

selon les autres. Lieu mal séant : petit endroit où l’on dessine.

Souterrain où l’on peint et barbouille. Mal nécessaire. Bien

approximatif. Prix de Romulus. Foyer de besogneux où l’on se

mûre et claquemure. Pourrissoir de croûtes . Réservoir de tourtes.
Serres froides , arbres sans fruits ni fleurs. Etouffoir ou l’on

transpire des souvenirs, où l’on rends ses haut le cœur et du

jus de carottes. Caveau de famine où l’on consomme et rumine

des crèmes glacées encornées, des cervelas, des margarines, des ga-

-lantines, du lait de chat, de la benzine.

               Enfin bloc enfariné qui ne dit rien qui vaille.

              

               Non pas ! non pas !! Vraiment !

J’ai notre mer muse et sa musique chasse les esprits

mesquins, clarifie les consciences, épure les facultés.
J’ai nos enfants hument le vent debout, voguent brise en

poupe et en proue.

 

Des éducateurs généreux, persévérant, forcent les partes

rompent les cadenas, pincent les serrures et se dépensent

sans compter. De l’air ; de l’air, des fleurs, des fleurs,

de l’eau, de l’eau claire, dis leur devise

 

Ostende, fille de la mer, votre académie purifiée,

pimentée par les eaux, nous donnera des artistes puissants.

 

Un salut et compliments,

 

               Baron James Ensor

               Ostende             août 1937