peinture
Cléopâtre
Alexandre Cabanel
À propos de cette œuvre
Détails de l'objet
- TitreCléopâtre
- Date1887
- Supporthuile sur toile
- Dimensions162,6 × 287,6 cm
- Numéro d'inventaire1505
- Inscriptionsen bas à gauche : ALEX. CABANEL./ 1887
En savoir plus sur cette œuvre
Alexandre Cabanel est admis en 1867 comme membre du Corps Académique de l’Académie d’Anvers. Le peintre français est alors un représentant célébré de ce qu’on appellera plus tard ‘l’art pompier’. Il doit à son installation faire don au Musée des Académiciens d’un autoportrait et d’un tableau historique, mais la commande officielle n’est passée qu’en 1883. Cabanel fait don de son autoportrait (n° d’inv. 1506) en 1886.
Il fait savoir fin janvier 1887 qu’il travaille d’arrache-pied à sa grande œuvre. Tout à fait dans l’air du temps, il opte pour une scène avec la reine égyptienne Cléopâtre dans le premier rôle. Le tableau est prêt juste à temps pour le Salon de Paris de 1887, où il est accueilli avec des louanges, et la toile monumentale est expédiée à Anvers en septembre de la même année. Cabanel lui-même la considère comme une de ses meilleures œuvres. Elle lui vaut une généreuse rémunération de 23.500 francs. Cléopâtre est caractéristique de l’art pompier : une pièce de Salon théâtrale représentant un épisode marquant de l’Histoire avec une virtuosité toute académique, aux lignes fortes, à la technique raffinée et avec un soin du détail.
Cléopâtre, célèbre pour son pouvoir, sa beauté et ses relations avec d’illustres Romains comme Jules César et Marc Antoine, inspire les artistes depuis des siècles. Écrivains, compositeurs, peintres et sculpteurs n’ont cessé de mettre en mots et en images quelques épisodes de sa vie tumultueuse, particulièrement au 19e siècle, quand la fascination pour l’Égypte antique est à son apogée. La mort tragique de Cléopâtre est un thème particulièrement apprécié. Après la défaite de Marc Antoine et Cléopâtre contre la flotte d’Octavien, le futur Auguste, à la Bataille d’Actium, Cléopâtre préfère mourir que vivre sous le joug romain. Sur le tableau, la reine se prépare à son suicide. Le thème remonte à l’écrivain grec Plutarque, qui décrit dans sa biographie de Marc Antoine comment Cléopâtre teste sur des condamnés à mort plusieurs poisons pour trouver le moins douloureux et le plus efficace, notamment avec du venin de serpents.
Cabanel retrace l’épisode avec beaucoup de précision et de clarté. Le tableau est en deux parties, avec Cléopâtre à droite au premier plan et à gauche à l’arrière ses victimes. Languissamment allongée sur un divan, la reine regarde avec un air d’ennui les poisons administrés aux prisonniers. La servante qui l’évente regarde aussi le spectacle. Dans la cour intérieure, des gardes du palais emmènent le corps d’un prisonnier mort, tandis qu’un autre condamné se tord de douleur sur le sol. La terrible scène laisse la souveraine indifférente. La Cléopâtre de Cabanel est belle et impitoyable, lascive et corrompue.
L’artiste s’est sérieusement documenté pour sa scène historique. La souveraine richement habillée est coiffée d’un bonnet de plumes de vautours et du cobra uraeus traditionnellement porté par les pharaons, et ses bijoux et sandales à pointe recourbée sont aussi d’inspiration égyptienne. Sa pose langoureuse combine diverses perspectives, une autre caractéristique de l’art de l’Égypte antique : le visage est de profil, tandis que les épaules sont droites. Cabanel s’est basé pour la reproduction du palais sur des illustrations de la fameuse série d’ouvrages Description de l’Égypte (1809-1829). La galerie de colonnes par exemple combine des éléments des temples de Philae et d’Esna. Le peintre a ajouté des éléments imaginaires qui soulignent le luxe et la décadence, comme le léopard paresseux, les riches robes et le voile noir de Cléopâtre.
Cabanel a soigneusement préparé sa composition. Le catalogue de vente de son atelier mentionne au moins cinq dessins préparatoires et un petit croquis à l’huile (actuel lieu de conservation inconnu). Le Musée des Beaux-Arts – Hôtel Fabrégat de Béziers possède une belle étude du personnage de Cléopâtre (n° d’inv. 28 (893.1.1)). Lors de la vente aux enchères, est également proposée une copie plus petite (Collection Juan Antonio Pérez Simón, México DF).
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