peinture
Concetto Spaziale
Lucio Fontana
À propos de cette œuvre
Détails de l'objet
- TitreConcetto Spaziale
- Date1965
- Supportpeinture acrylique sur toile
- Dimensions92 × 60 cm
- Numéro d'inventaire3197
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Les entailles (tagli) et les trous (buchi) sur toiles monochromes de l’artiste d’avant-garde italo-argentin Lucio Fontana figurent parmi les traitements artistiques les plus iconiques et iconoclastes de l’histoire de l’art moderne. Ce sont des gestes radicaux qui peuvent être interprétés comme la mise à feu rituel du principe ancestral selon lequel une toile est avant tout une surface sur laquelle l’espace peut être suggéré par la peinture.
Dans ce Concetto spaziale (concept spatial) sur toile peintre en marron sombre, les quatre tagli coupent la toile de haut en bas. Pas de manière verticale, mais selon une légère courbe qui trahit la rapidité et le mouvement naturel du bras. Ce traitement exige un moment d’extrême concentration, pendant lequel l’artiste coupe la toile avec un cutter d’un geste vif. L’aspect rythmique et esthétisant réside dans la position et la largeur des tagli. L’harmonie des trois entailles courtes – deux petites et une plus large – est mise en valeur par l’entaille la plus longue et la plus large, qui se courbe légèrement par rapport aux trois autres.
"Lorsque je travaille sur une de mes toiles préparées, je ne cherche pas à faire un tableau, mais à ouvrir l’espace, à donner une nouvelle dimension à l’art, à faire le lien avec le cosmos, comme cette ligne infinie derrière la surface plate de l’image."
En d’autres mots, en incisant la surface bidimensionnelle de la toile, l’artiste active pour le spectateur un espace tridimensionnel. Ses entailles en forme de vers (les tagli ou les buchi) révèlent au regard un espace noir derrière la toile. Cet espace est suggéré par de la gaze noire qui absorbe la lumière et la fait ressortir sur les bords renflés ou légèrement éraillés des coupures sur le canevas. Soudain, la toile devient clairement un objet tridimensionnel, un corps. L’artiste considérait ce jeu optique avec la spatialité comme une évocation de l’infini. Fontana est le père spirituel du spatialisme, un mouvement italien qui étudie les qualités de l’espace dans la sculpture comme dans la peinture.
Les Concetti spaziali de Fontana parlent à l’imagination et suscite une multiplicité d’associations. Certains estiment que ses œuvres font allusion à l’historique course de l’espace entre les États-Unis et l’URSS pendant la Guerre Froide. D’autres associent les tagli à l’acte sexuel. D’autres encore voit en Fontana un Thomas sceptique qui sent le corps du Christ et pousse doucement sur les plaies encore pas cicatrisées.
D’un point de vue de l’histoire de l’art, Fontana est une figure importante de l’art abstrait de la période d’après-guerre (les années 1950 et 1960). Son œuvre s’inscrit ainsi dans le courant des œuvres monochromes bleues d’Yves Klein, qui invitent à sauter dans le vide, ou des Colorfield Paintings de Barnett Newman. Avec ses manifestes révolutionnaires Manifesto Bianco et Manifesto Spaziale, il pose dès la fin des années 1940 les bases du travail artistique de Piero Manzoni, de l’arte povera italien et du mouvement international ZERO d’Otto Piene et Heinz Macke.
Il y a alors à l’époque en Belgique le mouvement d’art abstrait G58. Les figures centrales, dont Walter Leblanc et Jef Verheyen, sont aussi membres du courant ZERO et ont en commun avec Fontana la peinture monochrome. G58 expose pour la première fois à la Hessenhuis d’Anvers en 1958. Fontana y achète une œuvre de Verheyen. Les deux artistes collaborent en 1962 et Fontana perfore une toile de Verheyens dans un geste théâtral pendant le programme télévisé Medium. Fontana est en d’autres mots un artiste de la performance.
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