peinture
Fête des Archers
Meester van Frankfurt
À propos de cette œuvre
Détails de l'objet
- TitreFête des Archers
- Date1493
- Supporthuile sur bois
- Dimensions176 × 141 cm
- Numéro d'inventaire529
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Ce remarquable tableau appartenait à l’origine à la Guilde de la Vieille Arbalète, une des six guildes armées d’Anvers dont les membres, pour la plupart des bourgeois aisés, étaient autorisés à porter une arme. Les guildes d’archers assuraient le maintien de l’ordre, représentaient la ville dans les évènements publics et organisaient des tournois et des festivités. C’est ce qu’on voit ici : une compagnie s’en donnant à cœur joie.
Les quatre guildes de tireurs y sont représentées : la Vieille et la Nouvelle Arbalète à pied, et l’Ancienne et la Nouvelle Arbalète à main. Les Escrimeurs (épée) et les Arquebusiers (mousquet) n’y sont pas représentés. Les symboles sur les châteaux-forts à l’arrière-plan font référence aux prestigieuses maisons de guildes de la cité scaldienne. Le blason sur le château de gauche figure la Maison Spangien (Grand-Place 7, Ancienne Arbalète à pied, 1443-1794), la lune pour De Half Maene (Gildekamersstraat 6, Nouvelle Arbalète à pied, 1461-1499) et le faucon pour la maison Valckenborch (Gildekamersstraat 3, Ancienne Arbalète à main, 1456-1794). Le lieu de réunion initial de la Nouvelle Arbalète à main n’est pas documenté, mais le cygne sur l’édifice tout à droite se rapporte probablement à la maison De Swaen (Gildekamersstraat 7). Les deux châteaux à gauche arborent un étendard avec la croix de Saint-Georges, patron des arbalétriers. Sur les bannières à droite figure la croix de Saint-Sébastien, patron des tireurs à l’arbalète à main.
La guilde de l’Ancienne Arbalète à main joue le premier rôle. Il plane sur son château, le deuxième en partant de la droite, une ambiance festive. L’homme trônant au centre porte sur sa manche l’insigne de la guilde et une croix de Sébastien est suspendue au-dessus de son trône. Tous les autres tireurs dans la cour fermée portent également des insignes de l’Ancienne Arbalète à main. Les hommes hors du carré, sauf l’homme à la cruche, appartiennent aux autres guildes. A gauche, des membres de la guilde de l’Ancienne Arbalète à pied tentent d’entrer de force. Deux autres tireurs de l’arbalète à pied ont atterri dans la douve du château. A droite, des membres de la Nouvelle Arbalète à main essayent de franchir la barrière.
Deux fous dansent devant le trône sur la musique de l’homme noir au tambour et à la flûte. Ils participent à une moresca, une danse rituelle aux diverses variantes dans toute l’Europe occidentale. Deux fous s’approchent dans une danse extatique de la femme à la robe rouge qui offre une pomme au gagnant du tournoi. La moresca doit son nom à la Reconquista, qui chassa les Maures de la Péninsule ibérique. Il arrivait qu’un participe se grime le visage pour passer pour un maure. Il est impossible de déterminer si c’est le cas ici. Le peintre ne s’est en effet pas basé sur un modèle, mais a repris le personnage d’une gravure.
L’œuvre est offerte à la guilde en 1493 par Peter de Gramme, ex-échevin d’Anvers. Elle représente donc sans doute un tournoi qui s’est produit la même année. Les multiples éléments symboliques se prêtent à toutes sortes d’interprétations. La rivalité entre les guildes laisse à penser qu’il s’agit d’un tournoi de tir remporté par l’Ancienne Arbalète à main. Il y a aussi des indications d’un mariage, comme la femme avec la fleur (au premier plan) et l’oiseau dans la cage (au-dessus du trône). La moresca était en effet souvent dansée aux noces.
Le Maître de Francfort – du nom de la ville allemande où est accrochée ce tableau –vivait et travaille à Anvers. On ne peut pas encore l’identifier avec certitude, mais on sait à quoi il ressemblait. Le KMSKA possède en effet un double portrait du peintre et de son épouse. Le peintre a les traits de l’homme à la cape marron étendu sur l’herbe au premier plan à droite. La femme en blanc à ses côtés n’est pas son épouse.
Un inventaire de 1616 mentionne que ce panneau a été conservé sur le terrain de tir de la Vieille Arbalète à main et qu’il y avait une grande clé en métal, sans doute la clé au dos du trône. La clé et le tableau se trouvaient en 1710 dans la chambre de la guilde de l’Ancienne Arbalète à pied, d’où ce panneau est entré dans la collection du KMSKA. On a donc longtemps pensé qu’il était initialement destiné à cette guilde. On ignore pourquoi le panneau a été transféré d’une guilde à l’autre. Ce qui est étonnant en tout cas, c’est que l’Ancienne Arbalète à pied expose un tableau à la gloire d’une guilde concurrente. Il est probable qu’au début du 18e siècle, les deux guildes d’arbalétriers ne connaissent plus le sens original de cette œuvre du 15e siècle.
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