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La chute des anges rebelles

Ce vertigineux tableau vous plonge dans le combat biblique entre le Bien et le Mal. Quel enchevêtrement de bras, de jambes, d’ailes et de queues ! Les anges de Dieu menés par l’Archange Michel dominent la mêlée et font cause commune pour chasser du Ciel les anges et démons infidèles. Les esprits déchus sont identifiables à leurs traits tordus et bestiaux. Ongles crochus, sexes à tête d’aigle, mains crispées, une tête de sanglier, un bouc grimaçant… L’archange Michel foule au pied un dragon rouge aux sept têtes couronnées… Satan. La Chute des anges rebelles est l’œuvre la plus célèbre de Frans Floris.

À propos de cette œuvre

Détails de l'objet

  • TitreLa chute des anges rebelles
  • Date1554
  • Supporthuile sur bois
  • Dimensions303 × 220 cm
  • Numéro d'inventaire112
  • Inscriptionsen bas à droite : FF IV. ET. FA/ 1554

En savoir plus sur cette œuvre

En haut au centre de ce panneau de Frans Floris, l’archange Michel lève son épée. Il chasse avec ses compagnons les démons du royaume céleste sous la forme d’un dragon à sept têtes. Le tableau est divisé en deux registres. La partie supérieure est remplie d’anges. On voit en bas des créatures hybrides démoniaques à chevelure de serpent ou tête de cochon. L’œuvre illustre le combat du bien et du mal. Michel est le saint patron des escrimeurs, une des sept guildes armées d’Anvers. Leurs membres sont généralement des bourgeois aisés autorisés à porter une arme. Les guildes assistent l’administration communale dans le maintien de l’ordre et la lutte contre les incendies. Il y a encore à Anvers deux guildes d’arbalétriers, deux guildes d’archers et encore la guilde des arquebusiers, armés de l’ancêtre du mousquet. Au début du 16e siècle, tous portent une arme à feu pendant leur service. L’autre arme sert pour les nombreuses cérémonies comme des compétitions et des processions. Les guildes d’arbalétriers ont toutes un autel à l’église Notre-Dame, alors la plus grande église d’Anvers, qui deviendra la cathédrale du diocèse d’Anvers dans le courant du 16e siècle. Les guildes tiennent naturellement à avoir des retables spectaculaires dans ce prestigieux lieu de culte. Les escrimeurs font peindre leur retable par Frans Floris. Bien que moins connu que son contemporain Pierre Breughel à l’époque, Floris est considéré de son vivant comme un des peintres majeurs de nos contrées. C’est un artiste érudit dirigeant un grand atelier, où sont produits aussi bien des retable que des œuvres mythologiques. Floris annonce à cet égard le Rubens du 17e siècle. Il achève le retable pour les escrimeurs en 1554, agrandissant encore sa réputation. La Chute des anges rebelles est longtemps considérée comme un cas d’école du romanisme, de l’art des Pays-Bas historiques inspiré de la Renaissance italienne. Les anges dans le registre supérieur font en effet penser à des tableaux de Raphaël et Michel-Ange. Floris a étudié leurs œuvres et l’art de l’Antiquité lors d’un séjour d’étude en Italie (1541/1542-1545). Bien que son style diffère clairement de l’art de la Renaissance, il fait bien davantage que de le reprendre. Dans cette Chute des anges rebelles figurent également des éléments de la tradition picturale du Nord. Les êtres fantastiques, par exemple, sont inspirés de l’œuvre de Jérôme Bosch et le dragon à sept têtes est basé sur une gravure d’Albrecht Dürer. L’Iconoclastie éclate à Anvers dans la soirée du 20 août 1566. Une meute de 200 Calvinistes s’introduit dans l’église Notre-Dame et détruit des tableaux et des sculptures. Une quantité impressionnante d’objets d’art religieux disparaît ce jour-là et les jours qui suivent. Ce retable est une des rares œuvres religieuses d’avant 1566 encore conservées. Le destin du tableau dans les années qui suivent illustre la turbulente histoire de la cité scaldienne du 16e siècle en proie aux guerres de religion. Après l’Iconoclastie, la ville connaît une paix religieuse de courte durée (1566). Le tableau est alors sans doute entreposé à la guilde des escrimeurs. Le duc d’Albe est dépêché en 1567 par l’Espagne pour remettre de l’ordre dans les affaires hollandaises. Le Protestantisme est rigoureusement interdit et l’ordre est donné de remeubler entièrement les églises. Les escrimeurs installent à nouveau un tableau au-dessus de leur autel à la cathédrale Notre-Dame, probablement cette Chute des anges rebelles. La Furie Espagnole éclate en 1576, suite à quoi les Pays-Bas se retournent contre la Couronne d’Espagne et Anvers devient une république calviniste. L’administration communale ordonne en 1581 de retirer toutes les images saintes des églises et de les vendre (l’Iconoclastie silencieuse). Les escrimeurs conservent toutefois leur retable dans leur maison de guilde. L’Espagne envahit à nouveau Anvers en 1585 et ordonne une fois de plus de ‘remplir’ à nouveau les églises. C’est ainsi que La Chute des anges rebelles retrouve sa place sur l’autel des escrimeurs. Il s’agissait à l’origine d’un triptyque. Sur un volet latéral figure le dirigeant de la guilde et l’autre était sans doute aussi un portrait. On ignore la date de disparition de ces deux panneaux. Le panneau central est mentionné pour la première fois comme œuvre unique lorsque les escrimeurs commandent un nouveau cadre pour le retable, entre 1640 et 1660. Le retable de La Chute des anges rebelles reste à la cathédrale jusqu’en 1794, lorsque la France le confisque pour le Musée Central de Paris. Il aboutit au KMSKA après sa restitution en 1815.

Références

Droit d'auteur et législation

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