peinture
L'heure H III
Pyke Koch
À propos de cette œuvre
Détails de l'objet
- TitreL'heure H III
- Date1971
- Supporthuile sur toile
- Dimensions65 × 112,5 cm
- Numéro d'inventaire3106
- Inscriptionsen bas à droite : 70
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“On parlait toujours de la Guerre Froide chez nous. Mon père était tout à fait contre les Russes,” déclare Peter Koch, fils de l’artiste, à l’inauguration de l’exposition De wereld van Pyke Koch en 2017 au Centraal Museum d’Utrecht. ‘Uur U’ désigne l’heure militaire de la vérité, de l’attaque. Ce tableau montre une attaque soudaine des Russes dans une lumière lunaire, au crépuscule ou à l’aube. Soldats, tanks et autres armes sont largués par parachute au-dessus d’un paysage vallonné. L’atmosphère est froide, sinistre, la surprise semble complète. C’est un scénario catastrophe : le glas a sonné pour tout ce qui se déroule au premier plan, apparemment sur un terrain de golf. Le milieu aristocratique cher à Koch semble s’être écroulé au hole 18 du green. On se demande si les deux figures enveloppées dans des draperies – elles font penser à la représentation sciemment raccourcie du Christ à Gethsémani (1458-1460) d’Andrea Mantegna ou Giovanni Bellini – dorment du sommeil du juste ou font partie des premières victimes.
Cette ambiguïté et l’apparent manque de cohérence de la scène – les jolis petits parachutes semblent moins menaçants que l’atmosphère lourde qui règne sur le terrain de golf – sont caractéristiques du style néo-réaliste de Koch, ce qu’on a appelé le ‘réalisme magique’, qui a recours selon l’artiste lui-même “à des représentations qui sont possibles mais peu probables ; le surréalisme en revanche traite de situations inexistantes et totalement impossibles”. Il y a pourtant un lien clair entre les deux styles. Les marqueurs d’un terrain de golf – petits drapeaux, bâtons rayés, nettoyeur de balles – font vaguement penser aux formes biomorphes bien moins identifiables des paysages oniriques du surréaliste Yves Tanguy. Les couleurs froides de Koch, son style étrangement léché rappellent aussi Paul Delvaux , dont l’œuvre relève autant ,pour ne pas dire davantage, du réalisme magique que du surréalisme.
Ce tableau ‘irréel’ fait clairement allusion aux convictions politiques controversées de Koch. Il était contre la Russie et avait admiré le fascisme de Mussolini dans les années 1930. Membre du Mouvement National Socialiste des Pays-Bas, il collabora avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Il se démarquait en cela clairement d’artistes néerlandais, apolitiques ou de gauche, considérés comme des figures du réalisme magique : Darel Willink, Raoul Hynckes, Charley Toorop, Dick Ket, Wim Schuhmacher, Edgar Fernhout. Le terme de ‘réalisme magique’ a été trouvé en 1925 par le théoricien de l’art allemand Franz Roh et a été initialement confondu avec la Nouvelle Objectivité allemande, qui couvre notamment les œuvres de George Grosz et Otto Dix.
Comme l’indiquent les chiffres romains, Het Uur U III est une troisième version de la mystérieuse scène. L’artiste l’a peinte spécialement pour l’exposition Magisch Realisme in Nederland au KMSKKA (1971). Elle devait par son format servir de pendant à la toile Rustige Slaapwandelaarster II (1964). La première version de Het Uur U de 1958, beaucoup plus petite, est conservée au Centraal Museum d’Utrecht.
Le poète et ami de Koch Martinus Nijhoff avait écrit le poème éponyme en 1936. Certaines des expressions poétiques de Nijhoff comme ‘la rumeur sinistre mais inaudible de tirs d’avions’ sont interprétées de manière libre sur cette toile.
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