A propos de cette
oeuvre

Détails de l'objet

Titre: 
Madone entourée de séraphins et de chérubins
Date: 
c. 1450
Dimensions: 
92 × 83,5 cm
Numéro d'inventaire: 
132

En savoir plus sur cette œuvre

La Vierge sur son trône porte l’Enfant Jésus sur ses genoux. Elle est habillée comme une reine, avec un manteau d’hermine et une couronne sertie de perles et de pierres précieuses. Elle est entourée de deux sortes d’anges, les principaux êtres célestes selon l’éminent penseur chrétien Pseudo-Dionysius. Les séraphins roses occupent le rang supérieur. Ils sont les plus nombreux et sont les plus proches de la Vierge, avec leurs mains sur sa couronne. Les chérubins bleus sont au deuxième rang dans la hiérarchie céleste. Ils prient à l’arrière-plan.
Ce tableau est le panneau droit d’un diptyque dont l’autre moitié se trouve à Berlin. Y figurent le commanditaire Etienne Chevalier et son saint patron, saint Stéphane, dans un édifice de style Renaissance. Chevalier est en prière pendant que Stéphane pose sa main sur son dos. Les deux panneaux sont liés : Chevalier adresse ses prières au panneau droit et le Christ montre du doigt le panneau gauche. On peut distinguer la fenêtre d’un bâtiment du panneau gauche en reflet dans les deux boules à la gauche du trône de la Vierge.
Le diptyque original est décrit en détail en 1661. Les deux panneaux sont entourés d’un cadre bleu décoré de dentelles et de médaillons en émail. Un seul médaillon a été préservé : il montre un autoportrait de Jean Fouquet (Louvre, n° d’inv. OA 56). Les deux cadres sont fixés ensemble par des charnières, ce qui signifie que le diptyque pouvait être replié. Fermée, la pièce montrait probablement le dos du panneau berlinois. Cette représentation a été perdue, parce que le support a été coupé en deux à un certain moment. La forme originelle suggère que le diptyque servait de retable, contrairement à ce que laisse à penser le fait que le tableau était accroché dans l’église Notre-Dame de Melun, où le commanditaire Chevalier avait une chapelle.
Etienne Chevalier était le trésorier du roi de France Charles VII. Les documents relatifs à la commande ont perdu, mais une analyse dendrochronologique et stylistique suggère que l’œuvre a été commandée vers 1450 à Jean Fouquet, alors le principal artiste français et un peintre et miniaturiste d’exception. Fouquet ne conçut probablement pas sa Vierge aux séraphins et chérubins pour Chevalier, mais pour Charles VII. Des radios de son Portrait de Charles VII, antérieur au panneau anversois, ont en effet révélé une version de la Vierge. On ignore pourquoi Fouquet a finalement décidé de recouvrir ce panneau d’un portrait du roi. On suppose que Chevalier ayant vu cette première version en commanda une réplique.
Une tradition ancienne veut que le personnage de la Madone soit basé sur Agnès Sorel (1422-1450), une maîtresse de Charles VII renommée pour sa beauté. L’assertion est sans doute exacte. La Madone de Fouquet ressemble effectivement au portrait mortuaire de Sorel à Loches, la seule représentation du 15e siècle de cette femme connue. Les habits de Marie semblent également faire référence à Agnès Sorel. La Vierge était normalement représentée dans une robe drapée, alors qu’elle porte ici une robe aux épaules dénudées, un style introduit à la Cour de France par Agnès Sorel. Ses tenues nouvelles et osées attiraient autant l’attention de ses réfracteurs que de ses admirateurs. On a longtemps considéré inconcevable que Sorel tienne le rôle de la Vierge sur un autel pour Chevalier. Ce n’est pourtant pas incompatible. Avec cette œuvre, Chevalier rend hommage à Charles Karel VII ou à Agnès Sorel elle-même. Sorel et Chevalier se connaissaient bien car il était son exécuteur testamentaire.
La Vierge entourée de séraphins et de chérubins est une des œuvres emblématiques du KMSKA. Le blanc laiteux de la Madone et du Christ, les couleurs rouge et bleu des anges confèrent au panneau un effet surréel, intemporel. L’œuvre n’a pas toujours fait l’unanimité à en juger par une décision de l’église de Melun de la vendre (1775). Lorsque Florent van Ertborn l’achète quelques décennies plus tard, un ami spécialiste lui conseille de l’accrocher dans un coin sombre. L’œuvre n’a pratiquement fait l’objet d’écrits quand Van Ertborn lègue le panneau au musée en 1841. Ce n’est que depuis le début du 20e siècle que la Madone de Fouquet est considérée comme un chef d’œuvre incontesté.

Historique des acquisitions



legs de: ridder Florent van Ertborn, 1841

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