peinture

Nature morte au poissons

Clara Peeters

À propos de cette œuvre

Détails de l'objet

TitreNature morte au poissons
Date1612-1621
Supporthuile sur bois
Dimensions35 × 48 cm
Numéro d'inventaire834
Inscriptionsen bas à gauche : CLARA . P

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La collection d’art des 16 et 17e siècles inclut cinq œuvres de femmes, dont Clara Peeters, une des créatrices de la nature morte au poisson. Les tableaux de marchés alimentaires commencent à être très prisés à la seconde moitié du 16e siècle. Ce thème populaire donne forme vers 1600 au genre de la nature morte avec poisson. Le poisson est un des aliments de base à l’époque. Une carpe et un brochet sont étalés sur un égouttoir en terre cuite, prêts à la cuisson. Les trois écrevisses cuites sur une écuelle en étain et les deux harengs fumés, le seul poisson d’eau salée sur la table, sont également au menu. A droite il y a deux perches et quelques huîtres plates et au premier plan une huître creuse et des crevettes roses. L’entaille dans l’arrondi de la table en pierre sert de repoussoir. Peeters utilise fréquemment ce procédé pictural pour créer de la profondeur. La peau de la carpe est lisse, transparente et si fine qu’elle laisse par endroits transparaître l’apprêt. Les écrevisses en revanche sont peintes en couches épaisses, pâteuses, avec des éclats de lumière sur la peinture qui donnent de l’authenticité à la carapace des fruits de mer. L’artiste a utilisé une autre technique pour le reflet des écrevisses sur l’assiette en fondant les tonalités. La lumière entrante fait briller l’assiette en étain dans le vernis de l’égouttoir. On connaît à ce jour 39 tableaux signés de Clara Peeters. Quelque septante autres œuvres peuvent lui être attribuées sur base de caractéristiques stylistiques. Onze de ses toiles sont datées : la première en 1607, la dernière en 1621. Nature morte aux poissons porte aussi l’inscription CLARA P. Le tableau est même signé deux fois, parce que l’artiste a modifié la hauteur de la table, faisant ainsi disparaître sa première signature. Elle appose donc une nouvelle signature, bien visible. La visibilité est naturellement importante pour une femme soucieuse d’être reconnue comme peintre. Le choix de cette spécialité de la nature morte est probablement la conséquence des limites de formation auxquelles se heurtent les femmes artistes de son époque. Elles suivent en effet rarement une formation, certainement pas dans la peinture d’après modèles nus. Les pièces historiques ne sont donc pas accessibles aux femmes artistes. Les objets du quotidien sont plus à leur portée. Les natures mortes de Peeters se vendent bien sur le marché de l’art. On trouve ses œuvres dans des collections aux Pays-Bas septentrionaux dès la première moitié du 17e siècle. Les natures mortes dans la collection royale de Madrid sont probablement aussi de sa main (aujourd’hui au Prado, Madrid). Les toiles de Peeters témoignent de son professionnalisme. Des clients aisés la rémunèrent pour des supports de qualité comme le cuivre ou le chêne, et parfois l’émail et l’ultramarin pour les couleurs. La qualité très inégale de ses œuvres montre qu’elle fait appel à des collaborateurs. Elle utilise des patrons, des modèles ou des calques qui lui permettent d’obtenir des objets aux mêmes dimensions dans ses compositions. En répétant les motifs, elle gagne du temps et donc de l’argent. Beaucoup de compositions de Peeters ressemblent à ce tableau. La grande carpe figure avec la même taille et la même forme sur la nature morte aux poissons du Prado (n° d’inv. P1621) et sur sa Nature morte au poisson, aux huîtres et aux crevettes qui se trouve au Rijksmuseum d’Amsterdam (n° d’inv. A2111). Une version similaire avec un chat est conservée au National Museum of Women in the Arts de Washington (n° d’inv. 1986-263). Il n’y a pas sur ce tableau de précieux ustensiles de table et Peeters n’a pas utilisé des pigments coûteux. Treize autres œuvres ont des dimensions similaires, ce qui démontre qu’elle a utilisé un format standard pour ce panneau. La signature de l’artiste atteste toutefois que le tableau n’est pas une œuvre de série.

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