A propos de cette
oeuvre

Détails de l'objet

Titre: 
Paysage avec la fuite en Égypte
Date: 
1516-1517
Dimensions: 
17 × 21 cm
Numéro d'inventaire: 
64
Inscriptions: 
en bas à gauche : .OPVS/ IOACHIM.D./ PATINIR.

En savoir plus sur cette œuvre

Joachim Patinir ordonne savamment sur ce petit panneau formations rocheuses, collines de cultures, immensité de la mer et hautes montagnes en un étrange paysage fictif au vaste horizon. Il combine ici des éléments naturels qu’il a soigneusement étudiés. On reconnaît ainsi les rochers du pays mosan (la région natale de Patinir), les collines du Brabant, un littoral italien embrumé et les Alpes à l’horizon. Les paysages marins et montagneux d’Italie sont alors connus dans nos contrées par les innombrables illustrations d’artistes qui ont franchi les Alpes.
Les zones sont délimitées par des teintes de brun, vert et bleu. Ces nuances de couleur, qui s’estompent à l’arrière-plan, créent une perspective atmosphérique qui suggère la profondeur. Il s’agit ici d’un paysage panoramique universel. La Création et la nature sont illustrées dans toute leur diversité et montrées d’un point de vue surplombant.

Ce paysage est le décor d’un épisode biblique en partie basé sur l’Évangile de saint Matthieu (chapitre 2), en partie sur des écrits apocryphes. Joseph au premier plan conduit l’âne sur lequel est assise Marie, portant l’Enfant Jésus qui vient de naître. Ils fuient en Égypte. Tout à gauche, une idole tombe de son piédestal au passage du Fils de Dieu. Plus à l’arrière-plan, des soldats d’Hérode tuent ‘les innocents’.

Le paysage universel apparaît dans la peinture au début du 16e siècle en grande partie grâce à Joachim Patinir. Il s’est développé au 15e siècle à partir des paysages de fonds de toile des retables, des images de saints et des portraits, qui avaient eux-mêmes remplacé les arrière-plans dorés sur les toiles du 14e siècle. La peinture paysagiste devient dans les années 1520 un genre à part entière qui se ramifie en divers types vers 1600. Les petites scènes qui se déroulent sur la toile donnent un caractère narratif au paysage panoramique. Le sens du thème biblique est de son côté mis en exergue par l’ampleur du décor naturel. Falkenburg (1985) voit ainsi dans les paysages de Patinir des allégories du monde dans lequel l’homme se déplace comme un pèlerin sur le chemin de foi.
Les paysages tiennent ainsi partie prenante du narratif.

Le Paysage avec la Fuite en Égypte fait partie des œuvres de Patinir. Il le peint vers 1516-1517, mais il n’est pas certain qu’il ait voyagé en Italie avant cette date. Il peut avoir été influencé par la peinture italienne via les œuvres de contemporains comme Gerard David, Bernard van Orley, Quentin Metsijs et Joos van Cleve, avec qui Patinir entretient des contacts étroits. Son style pictural détaillé, raffiné relève d’une part du gothique, mais témoigne aussi d’une recherche de nouveauté. La faune, la flore et les formations rocheuses sont soigneusement élaborées, mais contrairement aux Primitifs Flamands, chez lui le thème religieux est subordonné à la nature et on peut parler d’une forme de ‘sécularisation’ du thème religieux.

L’œuvre actuellement connue de Patinir consiste en 31 tableaux, dont 19 de sa main et signés et 22 réalisés dans son atelier (Koch 1968); il s’agit essentiellement de paysages avec des scènes religieuses. Plusieurs éléments naturels reviennent régulièrement sur ses toiles, comme les grandes formations rocheuses, en contraste ou non avec une campagne animée et au loin une ville ou un village. Cette construction se retrouve par exemple dans deux autres de ses premières œuvres : le Paysage avec l’incendie de Sodome (Musée Boijmans Van Beuningen, Rotterdam) et le Martyre de sainte Catherine (Kunsthistorisches Museum, Vienne). Il peint ultérieurement plusieurs représentations du Repos pendant la Fuite en Égypte, où le groupe central de Marie et Jésus domine davantage le paysage à l’arrière-plan. Patinir est considéré comme le premier vrai paysagiste de nos contrées. Albrecht Dürer le cite dans son journal de voyage (1520-1521), le qualifiant de ‘bon paysagiste’.

Historique des acquisitions



legs de: ridder Florent van Ertborn, 1841

Droits d'auteur et législation

Cette image peut être téléchargée gratuitement. Pour un usage professionnel ou de plus amples informations, veuillez remplir le formulaire de contact. Plus d'informations ici.