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Rythmes d'ondes de lumière: Rue + Soleil + Foule

À propos de cette œuvre

Détails de l'objet

  • TitreRythmes d'ondes de lumière: Rue + Soleil + Foule
  • Date1915-1917
  • Supporthuile sur toile
  • Dimensions98 × 127 cm
  • Numéro d'inventaire2100
  • Inscriptionsen bas à gauche : JSCHMALZIGAUG

En savoir plus sur cette œuvre

Jules Schmalzigaug a peint cette bouillonnante vue de la rue à La Haye, un lieu d’exil pour les familles et artistes belges pendant la Première Guerre mondiale. Dans les années qui précèdent la guerre, Schmalzigaug suit de très près les courants artistiques de l’avant-garde internationale à Paris, Venise et Rome. Cette toile synthétise ses qualités d’impressionniste, de futuriste et de coloriste. Elle est exposée quelques mois avant le suicide de Schmalzigaug à l’Exposition d’Art belge montée au Stedelijk Museum d’Amsterdam (16 décembre 1916-16 janvier 1917). À Venise, Schmalzigaug a appris à combiner la force d’une atmosphère et les vibrations optiques de la lumière avec la puissante dynamique coloriste du futurisme. Cette scène baigne dans la lumière du soleil qui effectue un mouvement rotatif en haut à gauche du tableau, une technique futuriste que l’artiste applique dans diverses compositions. La lumière perce les formes et crée une rythmique d’incroyables accords coloristes. C’est une expérience caléidoscopique pour le spectateur. Les nettes surfaces de couleur triangulaires inspirées du style du futuriste Gino Severini et les touches quasi-pointillistes sont caractéristiques du style de Schmalzigaug. Une palette énergique et le maniement de la lumière sont pour lui les principaux ingrédients d’un ‘mouvement nouveau’ dans la peinture. Ensor est son seul modèle dans le paysage artistique belge. Tout comme le peintre ostendais, Schmalzigaug prend ses distances avec les palettes nuances, la ‘teinte délicate’. Il mélange les pigments aussi peu que possible et juxtapose ses touches et traits de peinture, créant ainsi un puissant jeu d’optique. À Rome, Schmalzigaug travaille un temps en 1914 dans l’atelier de son principal maître, Giacomo Balla. Ils étudient ensemble l’impact sensoriel des couleurs sur la suggestion du mouvement et thématisent les expériences de la lumière à travers la couleur pure. Ces tendances vers l’abstraction vont de pair avec des considérations sur la couleur qui associent les couleurs aux sons musicaux, ce qu’ils appellent le ‘règne de la polyphonie optique’. De telles ambitions artistiques découlent de vues théosophiques qu’on retrouve dans l’œuvre pluridisciplinaire du futuriste Luigi Russolo. À La Haye, Schmalzigaug tente de synthétiser son étude de l’utilisation de la couleur dans un manifeste : La Panchromie. Il a étudié l’ouvrage Modern Chromatics. Student’s Textbook of Colour (1879) du physicien américain Ogden Rood, qui fait des parallèles entre les expériences optiques et acoustiques et souligne la différence entre la lumière de la couleur et sa matière. L’utilisation pure de rayons de lumière colorée aurait un autre effet visuel que le mélange impur de pigments. Schmalzigaug s’efforce de préserver autant que possible la valeur de la lumière dans la couleur en jouant sur la distinction entre couleur de la lumière et couleurs feutrées. Combinées, ces deux types de couleur exécutent sur la toile un jeu d’absorption et de réflexion de la lumière. En les juxtaposant, l’artiste obtient des rythmes optiques d’action et de réaction. Rythme de vagues de lumière : Rue + Soleil + Foule illustre parfaitement la manière dont les couleurs pures comme le rouge orangé et le jaune se détachent contre des couleurs feutrées comme le vert olive, le bleu violet et le brun. La Panchromie était inachevé au décès de l’artiste et ne fut donc pas publié, si bien que le manifeste ne fit pas d’émules. La relation entre les sons et les couleurs va néanmoins été approfondie pendant la guerre par le compositeur russe Alexandre Scriabine, qui développe pour sa version de Prométhée en 1915 au Carnegie Hall un clavier permettant à chaque note de déclencher une couleur différente dans l’espace. Un an plus tôt, Schmalzigaug avait décrit dans une lettre au futuriste italien Boccioni l’image idéale d’un "système chiffré de vibrations colorées (comparable à la notation musicale) [qui] permettra de ‘jouer’ la suggestion de la lumière sur un clavier."

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