peinture
Saint Luc peint la Madone
À propos de cette œuvre
Détails de l'objet
- TitreSaint Luc peint la Madone
- Date1602
- Supporthuile sur bois
- Dimensions270 × 217 cm
- Numéro d'inventaire88
- Inscriptionsen bas à droite : 1602 F.M.D.VOS
En savoir plus sur cette œuvre
Marie tient l’Enfant Jésus sur ses genoux et pose pour l’évangéliste Saint Luc. Selon la légende, Luc a une vision des deux personnages et il les immortalise dans la première icône. Un taureau, l’attribut du saint, est couché derrière le chevalet de Luc. Un serviteur à gauche mélange pigment et de l’huile avec un pilon en pierre. Quelques personnages bibliques occupent l’arrière-plan. Le tout se déroule dans un décor classique de colonnes, arcs et plafonds à cassettes.
Un dessin préparatoire pour cette œuvre (Albertina, Vienne inv. 13199) montre les personnages principaux avec des traits plus généraux. Cette différence est sans doute due au fait que le peintre a utilisé des modèles pour réaliser son tableau. Le personnage qui mélange les ingrédients de la peinture a les traits caractéristiques d’Abraham Grapheus, l’homme à tout faire de la guilde Saint-Luc. Il a d’ailleurs posé pour divers artistes anversois. Il a également été suggéré que Maerten De Vos, l’auteur du tableau, a donné ses traits au personnage de Luc.
Ce panneau fait partie d’un grand ensemble, un triptyque qui décora un temps l’autel de la guilde des artistes à la cathédrale d’Anvers. Saint Luc est le saint patron des artistes et constitue donc le fil conducteur des différents panneaux du retable. Les volets latéraux et extérieurs avaient été peints par De Otto Van Veen et Ambrosius Francken. Le panneau de gauche montre Le Prêche de Saint Luc (inv. 274, Francken) et le droit Saint Paul devant le proconsul Felix de Caesarea (inv. 484, Van Veen), un épisode biblique auquel avait sans doute assisté Luc. Sur les panneaux extérieurs, peints par Francken, figurent les quatre évangélistes avec leurs attributs. De Vos s a enfin peint deux prédelles en grisaille, avec Saint Luc apparaît dans l’église de Notre-Dame à Tripoli (inv. 101) et Saint Luc donne une aumône à trois pèlerins (inv. 102). Le triptyque est transformé en 1754 en autel portique dont il n’est resté que la représentation centrale.
L’histoire de cette commande est longue et remarquable. Immédiatement après que la conquête d’Anvers par l’Espagne catholique en 1585, les autorités s’attachent à remeubler les églises pillées par les Protestants. Ce n’est qu’en 1589 que la guilde Saint-Luc gilde commande au sculpteur Otmaer Van Ommen un panneau pour un retable, qui sera ensuite établi huit ans dans la chapelle de la guilde. Lorsqu’Adam Van Noort devient doyen de la guilde (1597-1602), il fait transporter les panneaux dans son atelier et les repeint de sa propre initiative. Cela déclenche un conflit avec les frères de la guilde en 1600. De nouveaux panneaux sont commandés et la commande du retable de la guilde est officiellement passée à Maerten De Vos. Celui-ci achève le panneau central en 1602, un an avant sa mort. C’est sa dernière œuvre connue. Van Veen et Francken sont probablement venus à la rescousse pour réaliser les panneaux latéraux parce que De Vos n’était plus en condition physique pour achever seul le triptyque.
La commande pour le retable Saint-Luc alla sans doute à De Vos uit par reconnaissance pour son talent. Bien qu’il soit aujourd’hui moins connu que Pierre Breughel ou Pierre Paul Rubens, De Vos jouissait d’une grande renommée de son vivant. Il a peint plusieurs grands retables pour des églises anversoises dans la période suivant l’Iconoclastie, comme pour le retable de la Vieille Arbalète (KMSKA 72-76), la plus ancienne et la plus prestigieuses guide d’archers de la ville. C’était un pictor doctus, un artiste érudit qui imaginait des compositions savantes. De Vos dessine aussi beaucoup de gravures et d’illustrations pour la maison d’éditions de Plantin. Ces œuvres ont à l’époque une grande portée géographique car elles sont distribuées dans toute l’Europe et les colonies espagnoles. Van Veen et Francken appartiennent tout comme De Vos à la classe des artistes les plus appréciés de la ville.
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