Noir sur blanc
L’art graphique de Rubens de la collection du KMSKA

Rubens connaît une notoriété rapide qui dépasse largement les frontières de l'Europe. Il doit sa célébrité non seulement à ses peintures, mais aussi à ses nombreuses gravures qu'il a fait réaliser à partir de ses œuvres. En effet, a fait réaliser, car à la différence d'un Albrecht Dürer, Rubens confiait à d'autres la taille de ses estampes. 

Certes, sous sa stricte surveillance, puisque Rubens avait l'habitude de contrôler lui-même les épreuves, de les corriger à la plume ou encore de les retoucher au pinceau. Le graveur ou le sculpteur sur bois s'appuyait sur ces épreuves afin de peaufiner la gravure sur cuivre ou sur bois. 

Le KMSKA possède plus de 700 estampes de Rubens, exécutées avant et après sa mort. Cette exposition vous fera découvrir la virtuosité des graveurs qui ont su capturer avec brio, en noir et blanc, les œuvres de Rubens. De véritables chefs-d'œuvre présentés dans l’ambiance intimiste du cabinet d’arts graphiques.

Maître de marketing

La renommée de Rubens s'étendit rapidement et bien au-delà de l'Europe. Il le doit à ses peintures, mais certainement aussi aux nombreuses gravures qu'il a commandées de ses œuvres. Grâce à ces gravures, le maître a réussi à faire connaître son travail à un plus large public et à diffuser de nouvelles tendances parmi les artistes, même à l'étranger.

Ce faisant, Rubens a toujours reconnu l'importance de protéger la qualité de ses œuvres sur papier. C'est ainsi qu'il fut l'un des premiers artistes à bénéficier d'un droit d'auteur (temporaire) à partir de 1620 pour protéger ses gravures de l'imitation et du pillage.

Complexes techniques

Le maître avait une vision distincte, sélectionnant des œuvres ou créant ses propres compositions pour les transformer en estampes. Pour ce faire, il avait une grande préférence pour la gravure sur cuivre et la gravure sur bois. Ces techniques d'impression requièrent une grande virtuosité de la part du graveur pour convertir correctement les couleurs, les volumes et les nuances d'une peinture en noir et blanc et toutes les gradations intermédiaires. Contrairement à Albrecht Dürer, par exemple, Rubens a donc laissé à d'autres le soin de tailler ses estampes. Le savoir-faire de ces derniers, associé à la direction artistique de Rubens, a permis d'obtenir des gravures d'une qualité particulièrement élevée.

Il travaillait avec Lucas Vorsterman I (1596-1674), qui parvenait à réaliser des transitions subtiles et une grande variété de tons grâce à un éventail d'ombres et de pointillés. Après une querelle avec Vorsterman, Rubens fait appel à son élève Paulus Pontius (1603-1658), dont le style correspond à celui de son maître, mais qui est plus contrôlé. Et bien que la technique de la gravure sur bois soit quelque peu dépassée au XVIIe siècle, Rubens, inspiré par son grand exemple Titien, dont les œuvres avaient été reproduites en gravures sur bois, s'associe également à Christopher Jegher (1596-1652).

Rubens avait l'habitude de vérifier lui-même les épreuves, de les corriger à la plume ou de les retoucher à la peinture. Le graveur ou le bûcheron affinait ensuite de plus en plus la plaque de cuivre ou la planche de bois sur la base de ces états intermédiaires. Les gravures et les gravures sur bois de Rubens sont ainsi devenues des chefs-d'œuvre à part entière.

La vision de Rubens continue

Longtemps après sa mort, les compositions de Rubens sont encore publiées sous forme d'imprimés. Et même sans son intervention directe, la qualité de ces gravures atteignait des sommets.

Soutman obtint un privilège en tant qu'éditeur de gravures à Haarlem. Contrairement à Rubens qui préférait les gravures sur cuivre et les gravures sur bois, Soutman réalisa des gravures principalement à l'eau-forte. Ces gravures contribuèrent de manière significative à la renommée des scènes de chasse de Rubens, avec des admirateurs tels qu'Eugène Delacroix.

Vers 1626, Rubens reconnaît le talent des frères frisons Boëtius et Schelte Adamszoon Bolswert. Schelte, en particulier, réalisa de nombreuses œuvres graphiques portant le nom de Rubens après sa mort. Il excellait dans les scènes de paysage, un genre que Rubens a privilégié à la fin de sa vie. Schelte a créé deux séries : les "Grands paysages" et les "Petits paysages", qui ont indissociablement lié le nom de Bolswert à celui de Rubens.

Paulus Pontius a également contribué à la renommée de Rubens après 1640 avec une série d'estampes d'écorchés, basées sur des études anatomiques du maître. Les images de parties du corps écorchées font partie de l'exposition.

Informations pratiques

• Dans le cabinet d'arts graphiques au troisième étage.
• La visite de l'exposition est incluse dans le billet d'entrée au musée.