Avec Magritte. La ligne de vie, le KMSKA invite à voir à travers les yeux du maître

En 1938, René Magritte prononçait au KMSKA une conférence mémorable, dévoilant les origines de son langage visuel iconique. Près de neuf décennies plus tard, l’exposition Magritte. La ligne de vie (15.11.2025 – 22.02.2026) fait revivre cette intervention exceptionnelle. Portée par les propres mots de Magritte, l’exposition donne à voir l’artiste sous son aspect le plus personnel et introspectif.

Au cours de sa vie, le surréaliste belge ne s’est exprimé en public sur son œuvre qu’à trois reprises. La conférence donnée au KMSKA fut la plus aboutie : elle offre un aperçu précieux de ses réflexions et marque un tournant majeur dans son parcours artistique.

L’unicité de cette exposition réside dans l’expérience qu’elle offre : pénétrer dans l’univers de Magritte à travers ses propres mots et sa voix. Grâce à l’intelligence artificielle, la lecture originale de 1938 renaît au musée, accompagnée des œuvres qu’il évoquait. Une rencontre d’une rare intensité avec l’artiste.
Carmen Willems, directrice générale du KMSKA

Mesdames, messieurs, camarades

Au cours de la conférence, Magritte dévoile le processus évolutif qui nourrit ses œuvres emblématiques. Il commence par un souvenir d’enfance : la découverte de la magie propre à la peinture, un émerveillement qui l’accompagnera toute sa vie. Sa carrière devient dès lors une exploration incessante de ce mystère, le conduisant de l’abstraction futuriste à une figuration plus plane, tout en jouant avec l’image, le langage et des associations aussi surprenantes qu’énigmatiques. Magritte précise également qu’il structure sa création autour de questions récurrentes, de véritables « problèmes » : la porte, la fenêtre ou la femme – autant de thèmes que l’exposition met en lumière.

Dans l’exposition, les visiteurs découvrent comment Magritte a façonné pas à pas son langage visuel. Sa conférence révèle que ce chemin n’était pas linéaire, mais une véritable quête, parfois même une lutte avec ses thèmes. La sélection d’œuvres présentée met en lumière ses obsessions et les motifs récurrents qui l’ont marqué : la pomme, les nuages, les perspectives, les bilboquets, etc.
Xavier Canonne, commissaire de l’exposition Magritte. La ligne de vie

Le surréalisme comme stratégie 

Un aspect marquant de la conférence est sa dimension résolument politique. En 1938, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, Magritte est pleinement conscient des bouleversements de son époque. Pour lui, le surréalisme devient un outil de dénonciation de l’absurdité des tensions politiques. Dès ses débuts, le mouvement s’est enraciné dans une réflexion politique et anti-bourgeoise, s’exprimant par un art à la fois provocateur, expérimental et empreint d’humour.

Un dialogue entre mot et image

L’exposition Magritte. La ligne de vie rassemble une sélection d’œuvres emblématiques couvrant l’ensemble de sa carrière et souligne l’importance décisive de sa conférence de 1938. Rarement enclin à commenter son art, Magritte y livre une réflexion introspective sur son processus créatif, apportant une clarté inédite à son œuvre. Pour le public d’aujourd’hui, cette exposition offre une occasion unique de plonger au cœur de son imaginaire.

Avec Magritte. La ligne de vie, nous ne voulions pas créer une exposition ordinaire, mais un véritable dialogue poétique entre mot et image. Sa voix résonne à nouveau parmi ses œuvres, et les paroles de sa conférence de 1938 révèlent la pensée qui sous-tend ces images. Les visiteurs pénètrent ainsi dans l’esprit de Magritte à un moment décisif de sa carrière, juste avant la Seconde Guerre mondiale.
Lisa van Gerven, commissaire KMSKA

L’étincelle à Anvers : l’héritage de Magritte

La conférence de Magritte marque un tournant décisif, tant pour sa carrière que pour la scène artistique anversoise. Si elle suscita d’abord des réactions partagées, elle planta néanmoins une graine féconde. De jeunes artistes comme Marcel Mariën, Gilbert Senecaut, Roger Van de Wouwer et Léo Dohmen s’emparèrent de ses idées et les prolongèrent à travers le collage, la photographie, la poésie et des associations d’images audacieuses. C’est ainsi que naquit le surréalisme anversois, en profonde résonance avec l’œuvre de Magritte. Le dernier chapitre de La ligne de vie en présente une sélection, avec des œuvres de ce groupe Scaldien.

Il est significatif que Magritte ait choisi Anvers pour présenter la conférence la plus emblématique de sa carrière. Un an plus tôt, il avait rencontré Marcel Mariën, jeune Anversois de 17 ans : cette rencontre fut une véritable étincelle, déclenchant un enthousiasme réciproque. Aux côtés d’artistes tels que Léo Dohmen, Gilbert Senecaut et Roger Van de Wouwer, Mariën deviendra par la suite l’instigateur du surréalisme anversois.
Luk Lemmens, président du KMSKA
Rubens

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