Le KMSKA présente Donas, Archipenko & La Section d’Or. Modernisme envoûtant

Une rétrospective exceptionnelle consacrée à Marthe Donas et à l’avant-garde internationale de l’entre-deux-guerres. Du 4 octobre 2025 au 11 janvier 2026, le Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers (KMSKA) invite le public à découvrir l’exposition Donas, Archipenko & La Section d'Or. Modernisme envoûtant. Il y a un siècle, l’artiste belge Marthe Donas s’imposait au cœur d’une avant-garde européenne éclectique et haute en couleurs. Aujourd’hui, ses œuvres novatrices sont mises en lumière aux côtés de celles d’Alexandre Archipenko et d’autres figures majeures du modernisme.
Marthe Donas : une artiste majeure de l'avant-garde internationale
Marthe Donas (1885-1967), issue d’un milieu bourgeois peu favorable aux aspirations artistiques, parvient à s’affranchir des contraintes de son environnement pour devenir la première artiste belge d’avant-garde reconnue à l’échelle internationale. Dans les années qui suivent la Première Guerre mondiale, sa vision singulière du cubisme et ses compositions novatrices lui valent de jouer rapidement un rôle central au sein de l’avant-garde européenne.
L’exposition révèle Marthe Donas comme une figure clé d’un univers avant-gardiste traditionnellement masculin. Elle ne se contentait pas d’être une artiste innovante : elle était également entrepreneuse culturelle et habile réseauteuse, jouant un rôle central dans l’organisation d’expositions et la mise en relation d’artistes. Ses œuvres y sont présentées aux côtés de celles de maîtres tels que Mondrian et Modigliani.
Romance et expérimentations sur la Côte d'Azur
Au cours de l’année 1917, confrontée à des difficultés financières, Marthe Donas se rend à Nice, où elle rencontre le sculpteur Alexandre Archipenko, déjà reconnu dans le milieu artistique. De cette rencontre naît une véritable alchimie créative qui les conduit à explorer ensemble des concepts novateurs. Archipenko se consacre à ses sculptures et à ses « sculpto-peintures », tandis que Donas s’affirme dans les shaped paintings, instaurant une synergie inédite entre peinture et sculpture.
Donas réussit à saisir la lumière caractéristique du sud de la France dans son œuvre. Ses tableaux semblent émaner une énergie intérieure, une vitalité que l'on retrouve également chez Archipenko.
L'une des contributions les plus significatives de Marthe Donas réside dans ses shaped paintings, qui épousent les contours des sujets tout en s'éloignant du format rectangulaire traditionnel. Cette démarche novatrice semble avoir été influencée par sa collaboration avec Archipenko, un artiste qui, lui aussi, s'intéressait à l'exploration des limites de la forme et à l'utilisation audacieuse de l'espace négatif.
Ensemble, Donas et Archipenko prennent l’initiative de revitaliser La Section d’Or, un groupe cubiste influent réunissant des figures emblématiques telles qu’Albert Gleizes, Fernand Léger, Natalia Goncharova et Marie Vassilieff. Ces artistes défendent un cubisme plus diversifié et inclusif, mêlant formes géométriques et abstraites à des approches colorées et ornementales.
Contrepoints modernes : Donas versus Magritte
L’entre-deux-guerres est une période traversée par des frictions et des confrontations artistiques. En 1924, le surréalisme émerge à Paris, s’affirmant en opposition au cubisme défendu par La Section d’Or. Fait notable : le surréaliste belge René Magritte entame sa carrière en se nourrissant des expérimentations cubistes.
Une œuvre cubo-futuriste précoce de Magritte est présentée dans l’exposition Modernisme envoûtant, établie la liaison avec la seconde grande exposition de l’automne : Magritte. La ligne de vie. Inspirée de la conférence que l’artiste prononça au KMSKA en 1938, cette dernière retrace l’histoire de ses œuvres surréalistes les plus emblématiques.
Avec « Donas, Archipenko & La Section d'Or. Modernisme envoûtant », le KMSKA présente une exposition d’une grande richesse, mettant en lumière l’innovation, les réseaux artistiques et les luttes qui ont façonné l’art moderne. Elle invite à redécouvrir un talent majeur longtemps oublié par la postérité, son partenariat intime avec Alexandre Archipenko et son influence durable sur le modernisme européen.