peinture

Abraham Grapheus

Cornelis de Vos

Un portrait puissant. C'est le moins que l'on puisse dire de cet Abraham Grapheus. Il semble perturbé par quelque chose qui se passe en dehors de l'image. Il est en uniforme complet, chargé d'une armure faite d'éclats de guilde attachés les uns aux autres. En tant que "knaep" ou serviteur de la guilde, il assume de nombreuses fonctions à partir du milieu des années 1580. Il est tout aussi actif en tant que concierge, comptable, commis, caissier et messager. Grapheus excelle également dans un autre rôle : celui de modèle. Jacques Jordaens l'utilisait remarquablement souvent pour des études anatomiques et des têtes d'étude, qu'il utilisait pour ses tableaux. Ici, c'est un portrait à part entière. Avec des coups de pinceau épars et des détails hyperréalistes, Cornelis de Vos crée une image plus vraie que nature d'un homme bien réel. Prêt à sortir de la peinture.

À propos de cette œuvre

Détails de l'objet

TitreAbraham Grapheus
Date1620
Supporthuile sur bois
Dimensions120 × 101,5 cm
Numéro d'inventaire104
Inscriptionsen bas à gauche : C. DE VOS. F./ ANNO. 1620.

En savoir plus sur cette œuvre

Le talent du portraitiste Cornelis de Vos s’exprime pleinement sur ce puissant portrait d’Abraham de Graef (vers 1545/50–1624) sous son nom latinisé d’Abraham Grapheus. Le modèle regarde d’un air préoccupé un point hors champ. De Graef porte son col à fraise déboutonné et repoussé en arrière. Sur sa poitrine, une cuirasse composée d’écussons en métal reliés appartenant à la chambre de rhétorique De Violieren. Cette corporation de poètes amateurs faisait partie de la guilde Saint-Luc d’Anvers. Il soulève un gobelet de la table couverte d’une nappe orientale sur laquelle sont disposés de précieux objets du quotidien. Il s’agit sans doute du gobelet honorifique que les familles nobles d’Anvers offrent à la guilde en 1549. L’argenterie des guildes est réquisitionnée par l’occupant français en 1794 et ne sera jamais restituée. De Vos suggère d’un tracé léger un fond de toile neutre et un cadre à motif ové, créant ainsi une profondeur de champ qui met le personnage en valeur. Selon un extrait de compte de la guilde Saint-Luc datant de 1619, c’est le ‘faiseur de tableaux’ Michiel Vriendt qui a réalisé le cadre de cette toile. De Graef passe maître à la guilde en 1572. Son intention est de devenir peintre, mais il semble assez rapidement d’avis. Il n’existe aucun tableau connu de sa main. Certains paiements attestent toutefois qu’il était actif comme peintre de lettres et doreur. On peut conclure de l’inscription de De Graef et son épouse au Bussenboek, sur lequel figurent les pauvres et les nécessiteux membres de la guilde, que le couple n’est pas très riche. Grapheus, ‘knaep’ ou servant de la guilde à partir du milieu des années 1580, est aussi concierge, greffier, encaisseur et messager. Il organise les ventes de biens après la mort de membres de la guilde, ainsi que la mise en scène des spectacles montés par la guilde. De Graef est très aimé de ses compagnons. Lorsque son fils blesse au couteau des hôtes d’une auberge en 1616–1617, ils font une collecte pour compenser les victimes. Frans Pourbus l’Ancien fait son portrait en jeune homme de vingt ans (Fine Arts Museums of San Francisco, n° d’inv. 1957.159), Maerten de Vos donne ses traits à un teinturier sur le panneau arrière du retable de 1602 Saint-Luc peint la Vierge (KMSKA, n° d’inv. 88), et Jacques Jordaens l’utilise plus d’une fois comme modèle pour ses dessins d’études anatomiques et ses tableaux d’études de têtes, qui sont conservées dans des musées à Gand, Prague et Detroit. On retrouve d’ailleurs les traits caractéristiques de Grapheus sur quantité de toiles de Jordaens.

Références

https://anet.be/record/kmska/opackmska/a::art.6496

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